La collision ____________ Paroles et musique G. Brassens Chanson jamais enregistrée, ayant inspiré la chanson "Hécatombe" La moitié des gens de Beaucaire, Fidèle au cérémonial, Suivait jusqu'auprès du vicaire Un convoi matrimonial. Le même jour, à la même heure, L'autre moitié des gens du lieu Menait à sa dernière demeure Un macchabée très précieux. Comme il roulait dans les ténèbres Le ciel étant tout encrassé Le conducteur du char funèbre Crut qu'c'était à lui de passer. Par malheur, pour les mêmes causes, L'conducteur du char conjugal Crut justement la même chose : La collision était fatale. Au maximum de la dispute, Les témoins des jeunes époux, Secourur'nt leur chauffeur en butte À cette avalanche de boue. Les teneurs des cordons du poêle — On n'leur en demandait pas moins — Prouvèr'nt qu'ils avaient de la moëlle En bondissant sur les témoins. Frémissante, la jeune veuve Disait à l'épouse effarée : "C'est par un de mes terre-neuve Que nous te ferons déflorer. — Mon pal'frennier non-conformiste, Répond l'autre du tac au tac, Viol'ra ton entrée des artistes Si par miracle elle est intacte". À pied, à cheval, en voiture Les gendarmes mal inspirés Vinrent, pour tenter l'aventure D'interrompre l'échauffourrée. Or à Beaucaire, ou à Boulogne, À Montmartre, à Chandernagor, Dès qu'il s'agit d'rosser les cognes Tout le monde se met d'accord. L'une d'elles, la veuve, attache Le vieux maréchal des logis Et lui fait crier : "Mort aux vaches, Mort aux lois, vive l'anarchie !" Il va de soi que les gendarmes À la longue auraient succombé Mais le formidable vacarme Ôta l'sommeil au macchabée. Il dit : "Vos procédés me navrent Vous vous conduisez en goujats ; Avant d'fair' de nouveaux cadavres On enterr' ceux qui l'sont déjà." Alors la moitié de Beaucaire Conduisit le mort dans son trou ; L'autre moitié jusqu'au vicaire Accompagna les deux époux... L'autre moitié jusqu'au vicaire Accompagna les deux époux.